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echodelabourse
6 décembre 2008

Plan de relance : faut-il y croire ?

Un plan de relance de type keynesien (grands travaux, infrastructures, ce qui avait été réalisé dans les années 30 aux Etats-Unis au prix d'une forte hausse de l'endettement) peut-il être efficace dans les économies développées ? En effet, ce qui est attendu d'un plan de relance de ce type est une hausse de l'emploi dans les secteurs de la construction, de l'industrie, etc. en lançant de vastes programmes d'infrastructures (réseaux ferroviaires, ports, aéroports, centrales électriques, etc.) dont les états sont les clients et payés par un recours à l'endettement (peu chers pour les états en ce moment).

Mais quelques points pourraient faire douter du succès de cette opération pourtant louable :

- Contrairement aux années 30, les besoins en infrastructures des pays occidentaux sont moins élevés, il s'agit surtout de modernisation de l'existant. Et pour les dossiers nouveaux, on se heurte souvent aux conséquences politiques, par exemple un 3ème aéroport francilien (personne n'en veut près de chez soi), une autoroute, des voies TGV, etc. qui impliquent des années d'étude, de tractations et de combats en tous genres avant réalisation.

- Le marché du travail est moins libre. Là encore, dans les années 30 il y avait des millions de sans'emplois prêts à accepter tout ce qui présentait, poussés par le manque de proctection sociale. Aujourd'hui, le marché du travail est moins libre, si bien que dans des pays comme la France ou l'Allemagne, 2 à 3 millions de chômeurs côtoient 500 à 700 mille emplois qui ne trouvent pas preneurs ! Et dans les emplois concernés on retrouve notamment la construction, dont le recours à une main d'oeuvre immigrée à été la solution à une désaffection de la population active pour des métiers parfois durs et mal payés. Donc ce plan de relance fera-t-il baisser le chômage sachant que la part des services est de plus en plus importantes au sein de la population active ?

Stimulation de la consommation

Avant de se poser la question si un plan de stimulation de la consommation va fonctionner, il convient au préalable de se poser 2 questions :

- Quel est le segment d'activité que l'on souhaite stimuler ?

- Qui consomme dans ces segments d'activité ?

Prenons un exemple d'actualité : l'automobile. Les ventes de voitures neuves sont en chute libre dans tous les pays développés (et cela commence à se propager dans les pays en voie de développement qu'on appelle aussi pays émergents).

Et prenons une des solutions avancées : une prime à la casse de 1000 euros pour les vieilles voitures polluantes.

Maintenant posons-nous la question, qui achète en neuf les Laguna, Mercedes, C5, Scenic, etc. ? Vraisemblablement les classes moyennes, vu le prix élevé des voitures neuves. Une population qui garde sa voiture 10 ou 15 ans ne le fait vraisemblablement pas par nostalgie de la R18 ou de la Simca 1000. C'est avant tout une question de moyens. Avec 1000 euros, le chemin est encore loin pour s'acheter un véhicule de 15 à 25 000 euros ... A moins de leur proposer de compléter la somme par des prêts à taux 0 (ou très faibles) c'est plus le marché de l'occasion qui risque d'être stimulé ou les voitures à bas prix (Lada, Dacia, etc.).

Il faut certes aider les plus nécessiteux mais il ne faut pas le faire au détriment des classes moyennes ou les oublier. Car l'automobile, le luxe, l'immobilier, ... dépendent de leur capacité à consommer. Même en étant conscient qu'il faut aider ceux qui ont en besoin, on ne peut adhérer au discours de certains hommes politiques indiquant que la relance viendra de ces aides. Les plus nécessiteux utiliseront les aides avant tout pour les produits de base (alimentation), ensuite sans doute créeront de l'épargne afin de faire face à leurs besoins futurs dans un contexte macro-économique peu réjouissant.

A ce titre, la réponse de l'Etat anglais semble plus logique même si rien à l'heure actuelle ne permet de dire si elle sera plus couronnée de succès : la baisse de la TVA. Ainsi tous sont égaux devant la consommation et chacun est incité à plus consommé à hauteur de son pouvoir d'achat. Le problème en France est que si on considère les classes moyennes comme les "vaches à lait" de la République en leur faisant payer d'une manière ou d'une autre ce qui est réalisé par ailleurs (hausse des impôts locaux, taxe RSA, etc.) on se retrouve dans la situation où ceux qui ont les moyens de consommer s'arrêtent ou diffèrent leurs achats car ils ont moins de visibilité sur leurs revenus futurs par contre leurs charges sont toujours importantes et même en augmentation !

En conclusion, je pense qu'un plan de stimulation de la croissance ne doit pas laisser de côté les classes moyennes. Ils ont pour l'instant toujours les moyens de consommer et si on ne les encourage pas, pire si on les effraie (et oui, quand on parle de la dette des états qui vont augmenter et qu'ils se demandent mais qui paiera un jour, ils ont la réponse au bout des lèvres : eux !), la croissance mettra plus de temps à repartir.

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