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echodelabourse
8 mai 2010

politiques keynésiennes et environnement ricardien

Suite à la crise financière, de nombreuses politiques keynésiennes ont été mises en place dans les pays développés (et certains pays émergents). En clair, la dépense publique est censée relancer la consommation et/ou l'investissement (ce dernier n'étant qu'en anticipation de la consommation future, aucune n'entreprise n'investit pour le plaisir !) et ainsi relancer l'économie ou tout au moins amortir les chocs.

On se demandera ici si cette politique est efficace dans le monde moderne (Keynes étant un économiste du début du 20ème siècle) et quels en sont les risques (voir article suivant sur l'endettement des Etats, notamment la Grèce). Paradoxalement, la réponse nous vient peut-être du XIXème siècle, de l'équivalence ricardienne (David Ricardo, repris dans les années 70 par Robert Barro). Selon lui, une politique de relance de la consommation par l'endettement public ne saurait être efficace, car l'ensemble des agents économiques (consommateurs, industriels, etc.) vont anticiper les hausses d'impôts futures (pour payer la dette) et auront tendance à épargner (pour les consommateurs) ou à différer leurs investissements (pour les entreprises).

Cette thèse est ancienne pourtant je la trouve on ne peut plus d'actualité, pour diverses raisons :

- le public actuel est correctement éduqué et n'ignore pas que les déficits (états, sécurité sociale, retraite, ...) devront être financé un jour ou l'autre

- la transmission de l'information est instantanée grâce aux médias et à internet, qui en plus amplifient l'impact de ces informations brutes. On se souviendra par exemple lors des présidentielles de 2007, le débat télévisé avec le compteur de la dette française en arrière-plan ! Plus proche de nous, c'est le financement des retraites et le déficit de l'Etat qui nous pose problème. Les médias amplifient le phénomène en créant un "courant de pensée unique" sans le vouloir : insécurité, retraites, chômage, ... comme nous avons tous la même information au même moment nous réagissons de manière identique. Si nous avons peur du chômage, nous consommons moins, les entreprises vendent moins, ne recrutent plus ou licencient, ce qui créé du chômage ! Ce raccourci rapide est là pour démontrer que nous créerons toujours des bulles, des krachs ou des crises du seul fait d'agir tous comme un seul homme. Idem pour la dépense publique, on a peur de devoir payer les pots cassés donc on épargne ce qui rend la dépense moins utile

- la dette devant être payée tôt ou tard, les pays peuvent eux-aussi être insolvables, ce qui les oblige à trouver des sources de financement et réduire les dépenses, comme la Grèce. Le problème de la dette grecque n'est pas l'oeuvre de quelques spéculateurs (je ne vois pas quels hedge funds auraient les moyens de spéculer sur 200 Md€ d'obligations !) mais a peut-être créé une étincelle dans une poudrière. Les grecs n'ayant jamais été vertueux et étant de plus malhonnêtes, ce n'est pas illogique qu'aujourd'hui plus personne ne veuille leur prêter d'argent. Et dans un marché où il n'y a pas d'acheteurs et que des vendeurs, les titres plongent et les taux de rendement exigés s'envolent.

Pour conclure, je pense que la société actuelle évolue plus dans le style ricardien, ce qui tend à minimiser les efforts des relances. La dépense publique peut dans certains cas empêcher une aggravation brutale des crises en conservant temporairement de l'emploi mais ne peut à elle seule créer un retournement de tendance. Enfin les efforts risquent de peser sur la croissance future du fait de cet endettement massif et des hausses de prélèvements, baisses de dépenses qui seront nécessaires pour endiguer les déficits.

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